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Les carnets du Troll

05/04/2015

Publié le 5 Avril 2015 par Le Troll

 

Moi aussi je veux mourir. Bien sûr je n'en ferai rien. D'abord je n'en ai pas le droit.

 

Moi aussi je veux mourir... Et pourtant j'irai bien. Ou du moins je ferai comme si.

 

J'arriverai même à oublier ma douleur. Ou à faire comme si. Faire comme si tout allait bien.

Et à ce moment là, effectivement, « tout ira bien ». Ou du moins, je me sentirai bien.

 

Je le sais... Est-ce que j'ai peur ? Est-ce que je m'en veux ?

 

Ma douleur, ma fatigue, sont réelles pourtant. Mais il faut faire comme si...

 

Et c'est en plus le moyen de ne plus sentir leur emprise.

 

Mais en vrai, c'est faux... car même si je suis debout, même si j'avance,

 

leurs chaines sont là. Leur poids me prive de mes forces. Leur poids me prive de ma volonté.

Leur poids me prive de ma créativité. Je ne peux faire que ce qu'elles me laissent encore faire.

 

Pas forcément ce que je voudrais faire.

 

Moi aussi je veux mourir. Pourtant je suis debout. Pas le choix de toutes façons.

 

Lorsque la fatigue me terrasse j'entends : « Et si tout le monde faisait comme vous ? »

 

Mais tout le monde n'est pas moi. Mais tout le monde n'a pas ma vie.

Certains ont bien pire, certes.

 

Pourtant, j'aimerais me coucher et dormir pour toujours. Dormir d'un sommeil sans rêve.

Et pourtant je suis debout. Pas le choix.

 

Par moments incapable de rien. Incapable de dormir. Incapable de travailler. Incapable de penser...

 

 

 

Je peux seulement aligner des mots. Des mots comme ils veulent bien venir... Pas comme je voudrais les écrire. D'ailleurs je sais que j'ai quelque chose à dire. Je sais que je voudrais écrire quelque chose... Mais j'ignore quoi. Je ne parviens même pas à le savoir. Même mes mots me trahissent. Ma pensée. Le temps s'enfuit. Je n'ai pas fait ce que je voulais faire aujourd'hui. Le temps file. J'ai des choses à faire qui ne sont pas faites. Je devrais dormir pour les faire dans la journée. Il est une heure du matin. Je ne dors pas... Je récupérerai dans la journée... Je ne sais même pas si je serai chez moi lundi ou si j'irai à l'hôpital voir ma fille.

 

Je dois pourtant ranger mon appartement. Je dois préparer Pâques pour la petite, lorsqu'elle rentrera. Je devrais mettre l'appartement en ordre et aussi cacher des sucreries pour le retour de la petite. Je ne sais pas si j'irai voir la grande lundi. Je ne sais pas si elle veut que je vienne. Les choses ne seront pas comme j'avais prévu, lundi. Je ne sais pas...

La grande veut que j'aille la voir avec la petite lundi. Ce n'est pas ce qui était prévu à mon programme... Cela augmenterait plus que sensiblement mon budget pour aller la voir.

 

Je n'ai pas d'argent. Je ne suis rien... Vie de merde. Devoir m'interroger à savoir ce que coûte une visite avec ma petite ou sans ma petite, c'est vraiment la merde. Car curieusement aussi, la petite paie plus cher le train que moi... C'est une curiosité de l'aide aux personnes : sans argent vous avez droit à une belle réduction de 75% sur les voyages en train... mais pas vos enfants. Or c'est vous qui payez pour vos enfants. Bref...

 

Train, bus. Bus au prix plein. Et tout est loin. Préoccupations triviales... parce que quoi qu'on en dire, sans argent, c'est quand même beaucoup moins bien. Préoccupations triviales, parce que ce n'est pas sans conséquence sur mes capacités d'action. Bref...

 

Oui, en faisant attention, assez d'argent pour aller loin pendant les prochaines vacances. Pour la première fois depuis des années, et parce que je serai logée.

 

Assez d'argent, pour partir pendant les prochaines vacances, avec mes deux filles pour le coup... A condition que le prix du train ne change pas d'ici là. A condition que la grande ne doive pas rester à l'hôpital... Mais elle dit vouloir mourir. Je me demande si elle pourra sortir.

 

Qu'est-ce que je peux faire ? Qu'est-ce que je dois faire ?

 

Préoccupations triviales... Peut-être pour cacher celle-là ? Devrais-je accéder à sa demande et y aller avec la petite malgré tout ?

 

Que dois-je faire ? Que puis-je faire ?

 

Je, je, je...

 

Je vais peut-être aller dormir. Je n'ai pas fait ce que je devais. Il faudrait que je le fasse dans la journée. Même si je ne sais pas ce que je ferai lundi, ni comment.

 

Il faudrait, il faudrait,

 

Je...

 

Je...

Je ne sais pas. Je suis fâtiguée.

Je fais ce que je peux. Comme je peux. Mal.

 

Je.

Fatiguée.

 

Je devais me faire un gâteau aussi.

Je n'ai quasi rien mangé.

Trop fatiguée.

M'effondre.

 

Dodo.

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