Hey, du Troll !

Petit Troll s'en va t'en guere. P'tit Troll rockn'roll... Et tra la li la lère.

Pt'it Troll, vide, mort... ça vous le fait aussi ?

Non ? Tant mieux pour vous. Pour moi, c'est pas top : vous ne pourrez donc pas vous identifier à mes mots... Et si c'est le cas, cela voudra dire que je n'écris que pour moi-même. Dommage.

Je ne peux pas vous souhaiter cela et pourtant je parie que nous sommes quelques milliers à nous sentir ainsi.

N'être rien. Personne. Ou pas grand chose.

N'être même pas Bukowski, le "pas grand chose" faisant kiffer un nombre certain de lecteurs et lectrices.

N'être rien... C'est vrai quoi, uelle est donc cette vie ordinaire ?

Au moins Bukowski peut se targuer d'être un "vieux dégueulasse" ayant traîné sa carcasse dans quelques coins de biture; dans quelques histoires... Il faut que je le (re)lise. Je l'ai lu, il y a quelques temps. J'ai oublié. Buckowski comme modèle.

Buckowski comme modèle, pour moi qui ne suis rien, rien qu'une femme sans histoire. Rien. Rien qu'une petite nana tentant de s'en sortir. Sans parvenir à rien.

Tu te reconnais, toi, derrière l'écran ? Un peu ? Beaucoup ? Pas du tout ?

Rien qu'un petit bout de femme ordinaire. Si je veux paraphraser Buckowski, je pourrais titrer "Souvenirs d'une femme ordinaire" ou "Journal d'une femme ordinaire"

Ou bien... "Journal d'une moins que rien", histoire de donner dans le pathos.

Rien. Je ne suis rien. Ou pas grand chose... Et toi, qu'es-tu ?

Je ne suis qu'une femme ordinaire, sans histoires, mais avec un passé... Un passé oublié, dans les grandes lignes. Est-il si terrible que cela, ce passé ? Même pas, après tout : ni esclavage, ni torture, ni inceste, ni...

Rien. Rien de remarquable. Je ne suis qu'une femme ordinaire, ayant honte de ce que j'écris à cet instant. Et pourtant, je vais continuer, comme cela viendra. Je varierai la forme, je varierai le contenu, en fonction des jours, en fonction de l'humeur des jours.

Je ne suis donc une personne sans histoire... pourtant, quels étranges trous noirs dans ma mémoire, quels curieux blocages quand à assumer qui je suis, ce que je veux, ce que j'aime, ce que j'ai vécu, ma souffrance (infondée, bien sûr...)

Je vois bien, comment je fuis, comment je continue à fuir, lorsqu'il s'agit d'ouvrir la porte et d'aller voir de l'autre côté. Quelque chose m'en empêche. Ce même quelque chose m'ayant amené à prendre à chaque fois une nouvelle identité virtuelle, puis disparaître, puis en créer une autre et encore une autre. Je me promets à chaque fois : cette fois, c'est la bonne, je ne me disperse plus. Et je recommence. A zéro chaque fois.

Qu'est-ce donc, que je fuis ?...

Bien sûr, rien de ce que vous lirez ici, dans les vagues de pensées vagues, ne sera vrai.

Image de jenny222, sur Flickr